La merde dans laquelle tout le monde tombe est la société de l`Est. La nuit. Le jour au milieu duquel se cachent les ruines de la pensée de mes ancêtres. Une fois. Deux fois. Trois fois. Le grand jeu se déroule sous la peau des personnages qui n`existent pas. Moi. Ma Maria. Et les autres.

Je suis né dans une petite ville où chaque personne vit dans des appartements sans lumière. C`était le 28 novembre. La ville natale est comme un jeu des pensées. Personne ne gagne. Personne ne dialogue avec les autres. Juste Maria se promène sur les rues étroites. Elle était toujours accompagnée d`un chien qui aboyait à la lune. Au bord de la même rivière que je ne connais pas le nom. Mon nom commence avec une consonne plus forte. J`ouvre la bouche et je prononce le nom de Maria. Elle est partie loin de ce pays qui n`a pas connu de destin. Le des enseignants de toutes les villes-paysannes.

Le monde que je ferme dans mon âme est le monde des peintres. Des écrivains. Des artistes. Le monde qui parle des acteurs sans pays. Il me manque toujours les mêmes endroits ensoleillés du rêve. Je disais non. Elle me faisait de reproches. Que je ne suis pas un artiste. Que je ne connais pas du tout la langue qui a la première voyelle feinte dans la pierre. Que je ne peux pas lutter contre la nature. Contre le monde sans nom. Je lui dis chaque fois que je ne veux pas me retourner dans les ténèbres de la pensée collective. Je me souviens de la figure de mon père. Il était vieilli. De ma mère qui ne connaissait pas bien la langue du pays où je partais.

Maria se trouve sous ma peau. Je ressens son parfum de vierge. Maria m`attend dans le cercle que j`ai peint il y a trois jours. Trois semaines. Trois ans. Je ne me rappelle rien. J`suis bête. C`est vrai. J`suis bête.

Je commence le travail de ma mémoire. Je ne dis rien. Je ne fais rien. Je me tus. Comme un oiseau qui a les ailes blessées. C`est juste l`oiseau qui ne vit pas dans la merde. Je veux rester dans le milieu des lectures. Je lis Camus pour pouvoir construire mon système de révolte contre la nuit. Il me manque la nuit avec ses saints.

A l`Est les hommes se couchent dans des cercles de la mort. Je sais bien que Maria écrit dans son journal les premières lettres de l`alphabet de la langue des papillons. Le symbole de l`Est se trouve dans le pouvoir des personnages inconnus. Maria connaît bien la langue des papillons. Je ne connais rien. J`suis aveugle. Comme mon grand-père. Comme le jour qui n`apporte que la merde de la société dont je ne me souviens pas le nom.

Maria disait oui. Dans mon journal son visage mentait. Elle a eu des sentiments multiples. Des sentiments que je ne peux pas les vivre sans écrire des poésies. Je m`en fiche. Pour la première fois je voudrais jeter à la poubelle tout le monde. Et Maria aussi.

Je deviendrai quelqu`un d`important. Un écrivain. Sans pays. Sans nom. Sans destin. Je me souviens le visage de mon père qui tombe à genoux et prie les saints. Ma mère se trouve près de la fenêtre. Elle lisait le journal. Et puis ma grand-mère qui se cachait autour de la chaise et la figure pleine de larmes de mon grand-père qui jouait au violon. C`est tout.

Je partais. Je suis de retour dans un pays que j`aime plus que les images qui couvrent les personnages. Je suis un personnage de papier blanc.

Je tiens entre mes mains la photo de Maria. Elle me regardait toujours de son coin. Le coin des ténèbres. Dans la chambre blanche il y a une armoire dans laquelle tout le monde de l`Est se cachent sans dire un mot. Là-bas les hommes écrivent leur journal intime. Moi je sais que dehors il pleut chaque nuit. Il neige sur les yeux pleins de larmes de Maria. Je prononce son nom comme le vol des oiseaux interrompu.

Maintenant je voudrais faire l`amour. J`appelle ma maîtresse. Elle ne vient plus. Jamais. Jamais. J`irai sur les ruelles de ma ville natale. Je ferai de petites promenades. Près de moi se trouve le chien de Maria. Je disais oui. Elle disait non. Je ne connais pas du tout l`art du refus. Je crie du fond de mon cœur que je voudrais faire l`amour. Maria dort depuis 16 minutes. C`est juste l`amour que je voudrais connaître dans les moindres détails.

A l`Est personne n`écrit de romans. Tout le monde vit dans la merde qui ne se termine qu`à l`infini de la pensée. Personne ne se révolte contre la nuit. Contre les personnages de cire. Je suis né dans un cercle de glace. Mon père termine son travail à 18 heures de soir et prend son train pour arriver dans la gare du Nord des rêves. Il n`a pas de maîtresse. Il aime ma mère comme un papillon coloré en rouge et en noir.

Mon avenir est dans le pays tombé dans les ténèbres de mes pensées. Ma mère prépare le petit-déjeuner pour mon père. Du café au lait. Du pain avec du beurre. C`est tout. Je respire l`air fraîche des ruelles ensoleillées de mon petit coin de la mer.

Je lisais les mêmes vers que je ne connais pas. Il y a une chanson qui s`appelle `Le rois des papillons`. Maria m`embrasse. Il y a des papillons partout. Dans les âmes des amoureux. Dans les corps des enceintes. Partout. Voilà une vie qui change d`amour. Dans mes paumes s`arrêtent deux papillons. Le jeu des papillons sans destin. Des papillons infinis.